vendredi 13 juillet 2012

14 juillet : Fête Nationale

Spécial Révolution française  ...  et couvre-chefs en héraldique.
belle lithographie datée du 26 pluviôse de l'an II (14 février 1794)

commune de
 Villeneuve-Saint-Germain (Aisne)
commune de Tomblaine
 (Meurthe-et-Moselle)


























La Prise de la Bastille (ci-dessus), le 14 juillet 1789, marque symboliquement la fin de l'ancien régime
de la monarchie absolue quand le Roi avait tous les pouvoirs, pour passer provisoirement à une monarchie constitutionnelle, jusqu'en septembre 1792 qui verra finalement l'avènement de la Première République française.
La Révolution échoue donc dans sa tentative de partage des pouvoirs entre le Roi, les barons de l'aristocratie héréditaire, le clergé, la grande bourgeoisie, et les élus du peuple. Pourtant, l'Angleterre avait réussi cette transition bien avant, elle aurait pu inspirer les divers protagonistes pour ne pas finir en bain de sang (la  Terreur, la guerre de Vendée, les guerres révolutionnaires contre les Royaumes d'Europe, etc..) et aboutir finalement à une autre monarchie absolue : celle de Napoléon !

Un des symboles les plus marquants de la Révolution française, et plus tard de l'esprit révolutionnaire réincarné dans la philosophie républicaine est le fameux bonnet phrygien, orné de la cocarde tricolore.
Précédemment, lors du passage du Tour de France à Tomblaine ( blason ci-dessus), nous avons découvert dans cette ville, sa réaffectation surprenante autant que joliment réalisée, dans l'héraldique municipale. Ceci m'a donné l'idée de ce petit dossier de circonstance.

commune de Villers-le-Sec (Meuse)
commune de Chantraine (Vosges)

Le 20 juin 1792, le peuple de Paris envahit le palais royal des Tuileries. La foule en colère parvient jusqu’au roi et lui tend un bonnet phrygien. Louis XVI, un peu surpris et sous la pression, le saisit et le coiffe, se rendant ainsi ridicule. Apparue quelque temps après la prise de la Bastille, cette coiffe était très à la mode chez les "sans-culottes". C’est une façon pour eux de revendiquer la liberté conquise, car le bonnet phrygien avait été porté par les esclaves affranchis sous l’Empire romain. En effet, à cette époque, les esclaves récemment libérés se coiffaient de ce bonnet conique.
 
Orphée portant le bonnet phrygien, et charmant les animaux de la forêt par sa musique
Mosaïque romaine (IIIe s.) - Musée archéologique de Palerme (Italie - Sicile)
Mais pourquoi "phrygien" ? D’où vient ce terme ?
Dans l’Antiquité, la Phrygie est un royaume situé au centre de l’Asie Mineure sur le plateau d’Anatolie, à l’ouest de la Cappadoce. Sa capitale est Gordion – proche d’Ankara – et la fameuse ville de Troie en fait partie. Midas, l’un de ses rois, fera l’objet de légendes chez les Grecs, en raison de ses richesses. Ce sont donc les Grecs qui donnèrent l’appellation « bonnet phrygien » nommé aussi « bonnet oriental ». Car cette coiffe est également portée par de nombreuses tribus iraniennes, aussi bien celles de la Cappadoce que les Scythes ou les Sogdes d’Asie centrale. Elle orne aussi invariablement la tête de Mithra, divinité des peuples indo-iraniens.
source : lewebpedagogique.com
commune d' Auchy-les-Mines
(Pas-de-Calais)

commune d' Orcet (Puy-de-Dôme)





















timbre courant actuel
œuvre de Bernard Buffet
C’est un décret de 1792 qui stipule que le sceau national sera changé et portera pour type  : la France sous les traits d’une femme vêtue à l’Antique, debout, tenant de la main droite une pique surmontée du bonnet phrygien. Il figurera ainsi sur le sceau de l’État et sur le drapeau des insurgés en juin 1848, et servit de coiffure à Marianne sous la Troisième République. Sous les Empires napoléoniens et sous la Restauration , ce symbole sera abandonné. Il reviendra  peu à peu après 1880 et ce jusque de nos jours, notamment sur la tête de la Marianne qui orne les documents officiels, les timbres, les pièces de monnaie et les bustes dans les mairies.
Et sur quelques rares blasons de nos villages ...

commune de Gerville
(Seine-Maritime)

commune de Le Thillot (Vosges)

commune de Plomeur
(Finistère)


commune de Thorigné-en-Charnie
(Mayenne)




































Jusqu'à ce dernier blason, la conformité au dogme républicain induit par le symbole du bonnet phrygien est en grande partie respectée. Les grenouilles de Chantraine sont des armes parlantes ( rana = grenouille) et la chauve-souris ci-dessus indique la présence de grottes dans la commune : donc, pas d'intentions contestataires à l'encontre du régime républicain.
commune de Cottun
(Calvados)

 Les blasons qui suivent, sont eux plus surprenants, car ils présentent des associations de figures qui sont à priori antinomiques : un symbole de la République laïque et des représentations d'origine religieuse qui sont sensés ne pas cohabiter ! Pour commencer,  des crosses d'évêques ou d'abbés :
commune de
 Saint-Nicolas-des-Biefs (Allier)

commune d' Arronnes (Allier)



commune de Marseillan
 (Hautes-Pyrénées)
(Je ne vous parle pas de la question de la règle des couleurs pour le dernier, ce département des Hautes-Pyrénées est un cas à part dans le domaine des enquerres de couleurs: j'en ferai peut-être un sujet d'étude très prochainement.)

Pour terminer voici l'association exceptionnelle d'un emblème de la République, appuyé par les couleurs bleu-blanc-rouge du drapeau,  et d'une Vierge à l'Enfant, symbole on ne peut plus religieux ! Robespierre, Marat, Desmoulins, Saint-Just et Danton doivent se retourner dans la tombe ! L'explication est simple : l'église du village, qui appartient à l'État comme le stipule la loi de 1905,  est dotée d'une belle statue de la Vierge à l'Enfant qu'on date du XIVe siècle et dont la commune est très fière. C'est donc le patrimoine historique que l'on honore et non pas le symbole chrétien !
commune de Chavenay (Yvelines)

Je ne prétends pas avoir recensé tous les bonnets phrygiens présents sur les blasons des communes françaises, il en existe certainement où la figure est très discrète parmi les autres meubles.

Enfin,  pour être complet : on trouve aussi "nos" bonnets phrygiens à l'étranger, principalement en Amérique, où beaucoup de pays ayant accédé à l'indépendance au début du XIXè siècle, inspirés par les valeurs de la Révolution française, se sont emparés de cet emblème de la liberté pour l'inclure dans leurs armoiries nationales (Haïti, Argentine, Bolivie, Colombie, Nicaragua, etc...). J'en parlerai peut-être une autre fois.

Allez, maintenant :  place aux défilés, aux feux d'artifices et à la fête...

Crédits  :
www.labanquedublason2.com
armorialdefrance.fr/
www.francegenweb.org/ et  Jean-François Binon
www.genealogie-lorraine.fr/
Wikipedia



             Herald Dick 



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